Je suis abonnée au magazine ELLE. J'aime bien qu'il arrive dans ma boîte aux lettres tous les vendredi, j'aime bien le lire le week end, avec mon petit déjeuner sur la terrasse au printemps, sur la plage en été, lovée dans le canapé en hiver. Bref c'est mon petit moment à moi où pendant une heure (oui je regarde bien toutes les pubs, je lis chaque article même si tout ne m'interresse pas, je suis curieuse comme nana!), je m'imagine assez riche pour porter toutes les jolies fringues que les chroniqueuses mode nous montrent, assez folle pour tenter tous les maquillages abracadabrantesques de la rubrique beauté, complètement libre de mon temps pour lire tous les livres qui sont présentés... bref j'aime bien ELLE, même si je trouve parfois les articles un peu creux et les thématiques redondantes... mais là n'est pas le sujet !
Le sujet c'est le dossier du dernier numéro : "30 ans la génération qui ne veut pas tout sacrifier au travail". Ca c'est un sujet qui m'interpelle et je voulais en parler ici parce qu'il est justement question de la difficile concialiation de la vie pro et de la vie perso. Je n'ai pas encore 30 ans mais c'est la génération qui veut cela.
L'idée de l'article est de rencontrer des pionniers d'un mouvement en marche : "arrêter de se soumettre aux règles idiotes de l'entreprise". Mais si, vous savez ; ce dictat du présentéisme, les horaires à ralonge, des objectifs intenables. Tout ce qu'on accepte volontiers lorsqu'on débute dans la vie active. Moi la première j'étais fière comme un coq d'intégrer un grand cabinet de consulting, secteur bien connu pour ces méthodes. J'avais l'impression d'être mi aventurière-mi star o top ! Je me suis éclatée dans mon boulot, j'ai énormément appris, mais il est arrivé un moment où je me suis sentie épuisée donc moins dynamique donc perçue comme moins investie, et une promotion m'est passée sous le nez. Ah la belle aubaine, j'ai pris 15 jours de vacances (oh my god, comment ose-t-elle!!), je me suis posée pour réfléchir. Je me suis rendue compte que toute ma vie tournait autour de mon boulot, mon couple n'en était plus un (d'où le fait que nous ne soyons plus ensemble aujourd'hui, et tant mieux, j'aime mon Homme!!), ma vie sociale se résumait à un verre avec des copains le vendredi soir de 21h à 22h30, une soirée en boîte (oui j'étais jeune!) et un dimanche pèpère qour se préparer à affronter la semaine. Rien de bien fou.
J'ai donc dit stop, je me suis installée à mon compte et j'ai fait mon métier comme je l'entendais pour redonner un sens à mon job. J'ai enfin le sentiment d'être considérée comme une adulte, sans flicage permanent, sans fragilisation perpétuelle, sans pression inutile. Parce que c'est bien de cela dont on parle : il faut se donner à fond. Nombre de ces méthodes de management sont inspirées des méthodes militaires dit l'article : "il s'agit de motiver les troupes jusqu'à ce que les employés se mettent "en danger" c'est à dire sacrifier leur temps, leur sommeil, leur santé, leur vie de famille." Et bout du compte s'apercevoir que ces sacrifices ne sont pas reconnus. On tombe de haut ! On est tellement fragile sous un management qui fait tout pour destabiliser, pour fragiliser, pour mieux dominer. Il s'agit visiblement là d'une méthode très française que, nous, jeunes trentenaires refusont!
Surtout qu'à cette pression professionnelle s'ajoute celle, sociale, de réussir en tant que mère. Et là on se rend bien compte que nombre d'entreprises sont inadaptées à la parentalité. Voilà ce qui explique sans doute toutes ces mums preneurs, ces jeunes mamans qui se mettent à leur compte après l'arrivée de bébé.
Donc je suis ravie d'avoir sauté le pas dès mintenant, avant d'accueillir un petit bout d'chou dans notre famille. Je suis ravie de me dire que je peux organiser mon temps à ma façon, prendre un rendez-vous chez le médecin sans avoir à inventer des excuses folles (hein Sophie?!) et aller faire un footing à 14h30 si ça me chante (c'est ce que j'ai fait aujourd'hui, c'est pour ça). Je ne dis pas que c'est facile tous les jours de travailler pour soi mais la pression est différente et il est plus facile de la gérer car elle ne vient pas de l'extérieur). On ne m'impose plus des horaires imbéciles, et je travaille pour moi, non plus pour un manager qui n'avait pas une once de reconnaissance pour ses équipes!
Pas question donc de sacrifier ma vie de famille. Je suis peut être un peu vieux jeu mais j'aime préparer un bon dîner à mon Homme et ça c'est pas donné à tous les employés acharnés !!
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