Pas beaucoup de mouvement par ici et un moral en dent de scie, ou plus exactement en accord avec le soleil. Le matin je suis optimiste, je vois la vie du bon côté, une belle journée s'annonce, je vais me mettre au travail, me noyer dedans même pour éviter de cogiter. A midi, le constat côté pro est souvent peu probant mais je me dis que j'ai tout l'après midi pour faire ce que je voulais faire. Une sieste de quelques minutes plus tard, j'ai beaucoup de mal à me remettre au travail. Je traine, j'ai du mal à me concentrer, à avoir une démarche pro-active. Comme dans beaucoup de boulot, on ne m'attend pas, c'est à moi d'aller chercher le travail et d'être motivée, d'avoir la niak pour que ça marche. Et puis le soir arrive, je réalise qu'en plus d'une journée perdue, je suis en train de ruiner mon mois d'octobre, que les sous ne vont pas tomber du ciel, que je suis bonne à rien. A la tombée de la nuit, je suis triste, je pense à ce qu'aurait du être notre vie avec un bébé, dans les mois à venir. Je ressasse.
La psychiatre que nous avons rencontrée lundi nous a expliqué qu'il ne fallait pas aller trop vite dans la démarche d'interruption de grossesse. Certes depuis l'annonce du Docteur R., j'ai intégré la nouvelle. Mais chaque étape est destinée à éliminer tous les doutes possibles quant à la santé du bébé. Doutes qui pourraient ressurgir dans quelques semaines ou quelques mois si je ne suis pas sûre d'avoir eu toutes les informations nécessaires à ma prise de décision. Cette attente est aussi destinée à ce que la nouvelle soit intégrée intellectuellement. L'interruption en elle même fait partie du travail psychologique nécessaire.
Ça m'a aidé d'entendre ces mots. Peut être que je suis allée trop vite, en voulant me sentir plus enceinte très rapidement, finir cette histoire au plus vite afin de pouvoir la cloturer. Mais finalement, je suis sur le mauvais chemin. Il me faut prendre le temps. Chaque jour qui passe me permet d'accepter la future séparation avec ce bébé en devenir. L'interruption de la grossesse permettra de finaliser cette étape. La suivante sera la reconstruction et l'appréhension de l'avenir.
Nous n'avons pas eu de coup de fil de la généticienne, elle n'a donc pas du (ou pu) présenter notre dossier à la première commission, hier. Ce n'est que partie remise pour vendredi midi. Nous la voyons à 15h afin qu'elle nous explique ce qui a été dit.